Qu'est-ce qu'un effet réverbe ?

Quels sont les effets mis à disposition des musiciens et à quoi servent-ils ? L’offre actuelle est tellement étendue qu’il peut être difficile de faire son choix. Cet article est spécialement conçu pour faciliter vos premiers pas dans le monde des effets. Dans cet article, nous vous présenterons aussi bien les origines que les applications de la réverb (ou réverbération).

La réverb

(Anglais : reverb, reverberation)

Il s’agit d’un des effets les plus couramment utilisés, car il donne un rendu très naturel. Où que vous soyez, qu’il s’agisse d’une salle de concert, de votre cave, de votre grenier ou d’une vallée dans les Alpes, l’acoustique est omniprésente. Cela signifie que le son que vous obtenez en parlant ou en jouant d’un instrument est réfléchi par l’environnement (murs, montagnes, fenêtres, etc.). Plus la distance entre ces murs et la source est grande, plus le temps de retour des réflexions des ondes acoustiques est long.

Le centre de la nef d’une grande église possède une réverb gigantesque. Dans certaines églises, cet effet peut même durer plus de dix secondes ! En pratique, cela signifie que les murs les plus proches donnent en premier leurs réflexions sonores, les murs les plus éloignés prenant un peu plus longtemps. Vous obtenez donc beaucoup de réflexions, chacune avec leur propre temps d’écho. Si vous claquez des doigts dans une église, vous entendrez un son clair qui deviendra progressivement plus faible. Ce phénomène est qualifié de « queue de réverb » (ou reverb tail en anglais). En principe, elle possède un caractère complexe et bruyant. C’est en partie cette réverbération qui garantit que les chœurs et l’orgue de l’église ont un son si puissant.

Algorithmique

Dans le monde des DSP (donc processeurs et logiciels), il existe plusieurs manières de créer une belle réverbération. La première est la méthode la plus connue et la moins chère qui consiste à utiliser un algorithme. Le fonctionnement précis est un peu en dehors du cadre de cet article, mais pour faire simple, il s’agit d’un réseau complexe d’échos simples. Ils sont suffisants pour de nombreux producteurs et certains algorithmes de réverb sont également très beaux. En raison de sa simplicité, cet algorithme est disponible dans de nombreux produits, comme des pédales d’effets pour guitare et des processeurs d’effets à prix abordable.

Cliquez ici pour voir un aperçu des pédales d’effets proposant une réverb ou un delay.

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Convolution

La seconde méthode est la convolution. Il s’agit d’un concept assez difficile à comprendre, mais qui se résume de la sorte : quelqu’un se rend dans une salle de concert ou une église, tire à l’intérieur avec un pistolet d’alarme tout en enregistrant avec un micro stéréo la queue de réverb mentionnée précédemment. Il s’agit de la réponse impulsionnelle, où le pistolet d’alarme est l’impulsion et la queue de réverb est la réponse. Cette queue de réverb est une sorte d’empreinte digitale de l’espace acoustique. Avec le bon logiciel, vous pouvez à nouveau appliquer cette empreinte digitale à vos propres instruments ! L’avantage est indéniable, le son est tellement authentique qu’aucune réverbération algorithmique ne peut rivaliser. Un autre avantage est que le système fonctionne avec n’importe quel lieu. Vous voulez obtenir l’acoustique du studio Abbey Road ou de la salle de spectacles Royal Albert Hall (les deux à Londres) ? C’est possible ! La seule exigence est que quelqu’un ait déjà créé cette empreinte digitale (avec ce pistolet d’alarme) et qu’il la rende disponible. Heureusement, les fabricants qui commercialisent des logiciels de convolution les fournissent généralement.

Cliquez ici pour télécharger les empreintes acoustiques de Sony. Celles-ci sont dans tous les cas appropriées pour Acoustic Mirror (Sound Forge Pro – Windows)

Les effets et leurs applications : la réverb

Toutefois, une réverbération à convolution présente également des inconvénients. Cette technique est assez lourde. En 1999, Sony a lancé le modèle DRE S777, une réverb à convolution proposée dans un rack de 19 pouces et de 2 unités de haut pour une somme de plusieurs milliers d’euros. Heureusement, un petit ordinateur est aujourd’hui capable d’utiliser une telle réverb. Néanmoins, une réverbération à convolution reste une charge réelle pour votre processeur. Un autre inconvénient est que la caractéristique d’une empreinte sonore ne peut pas vraiment être ajustée, car cette salle de concert reste la même. Ceux qui ont besoin de dix emplacements acoustiques uniques de cette salle doivent donc faire dix enregistrements en installant le micro stéréo au même endroit, mais en tirant avec le pistolet d’alarme toujours à une place différente.

Cependant, ce n’est pas tout à fait vrai désormais. Cette empreinte digitale peut être ajustée, après tout il ne s’agit que de données. Vous pouvez charger ces données en tant qu’audio, vous verrez alors un bruit complexe dont l’intensité sonore diminue vers la fin. Le réglage devrait être aussi simple que celui d’un EQ, d’un compresseur ou même d’une autre réverb. La question est cependant de savoir quel type de résultat est fourni. Une statue de marbre installée dans une salle de concert influence de manière subtile et unique le timbre de la queue de réverb, ce qui a des conséquences sur l’empreinte digitale de cette salle. Un traitement vague sur une empreinte digitale peut être très élémentaire, mais il est pratiquement impossible d’ajouter l’effet d’une statue à une empreinte digitale en utilisant votre souris ou une formule.

Ce qui est possible et qui plaira aux créatifs consiste à créer votre propre empreinte digitale. Pas d’une pièce ou d’un autre espace acoustique, mais de « quelque chose ». Il peut s’agir de l’enregistrement d’un instrument, d’un dialogue de film ou juste quelques secondes d’un son. Par exemple, supposons que l’empreinte à utiliser se compose d’un glissando de harpe et que cette « réverb » s’applique à une frappe sur un xylophone. Vous entendrez alors un glissando de xylophone et de harpe. Avec la réverb « Acoustic Mirror » de Sony Sound Forge, ce phénomène est possible depuis des années.

Application de la réverb

Voilà pour l’introduction, passons à présent à son application, ce qui sera bien sûr beaucoup plus amusant. Une réverb présente des avantages ou des conséquences :

Vous vous trouvez dans une grande pièce avec une grosse réverb. Ceci est hautement souhaitable pour la musique orchestrale, car cette musique est en principe jouée dans un grand espace. Plus généralement, la réverb est idéale pour donner un sentiment de grandeur, même s’il n’y a aucune raison de le faire acoustiquement. Qu’en est-il ? Supposons que vous fassiez de la musique en ayant en tête l’image d’un désert de sable. Le désert lui-même est bien sûr complètement sec en termes de son, vous n’y entendez presque aucune réverbération. Mais comme un désert est assez étendu, vous pouvez suggérer un grand environnement avec de la musique et une longue queue de réverb.

Pourquoi certaines personnes chantent-elles sous la douche ? C’est très simple : la réverbération de la salle de bain corrige les erreurs mineurs d’intonation. Comment ça marche ? Vous connaissez peut-être le phénomène d’une chorale d’amateurs ou d’une classe d’école. Ils chantent tous aussi faux les uns que les autres, mais comme ils sont vingt, une tonalité moyenne émerge. Lorsque quelqu’un chante trop bas, il est compensé par quelqu’un qui chante trop haut, ce qui donne au final un son qui sonne juste. Donc, lorsque vous chantez en solo avec une réverb importante, la queue de réverb vous donnera l’effet de chanter dans une chorale. En effet, chaque réflexion est une répétition du signal source. Ceux qui chantent en premier d’une manière trop grave et juste après d’une manière trop aiguë, entendront dans la réverb une tonalité moyenne qui est tout à fait juste. Comme une chorale sonne mieux qu’un chanteur solo, vous pouvez vous imaginer que la réverb donne un meilleur rendu à un instrument. L’instrument doit alors être capable de changer subtilement sa tonalité en cours de jeu. Ce n’est pas possible avec un accordéon, mais avec un violon et du chant, c’est possible. Les anciens synthétiseurs analogiques n’étaient pas toujours stables en termes de hauteur tonale, mais combinés à une réverb, ces fluctuations de tonalité peuvent être très bénéfiques. Voici donc une astuce si vous voulez créer vous-même des sons avec un synthétiseur : assurez-vous que la hauteur tonale varie ! Par exemple avec un vibrato, mais aussi (si possible) avec un vibrato irrégulier. Vous obtiendrez un très bon son en combinaison avec une réverb !

Lorsq’u il y a beaucoup de réverb, votre son devient plus diffus, plus vague et plus volumineux, ce qui est bienvenu pour certains styles, tels que l’ambient et la new age. Ces styles peuvent également être utiles pour les musiques de jeux-vidéo et de films. Faites attention avec qui vous parlez réverb. Si vous discutez avec un ingénieur du son de musique pop, ou avec quelqu’un qui doit amplifier et mixer un concert, alors vous entendrez qu’ils se méfient un peu lorsqu’il y a trop de réverb. En réalité, le temps de réverb idéal est proportionnel au tempo de votre musique. Pour les musiques rapides, vous devez faire très attention à ne pas utiliser trop de réverb, ni de queues de réverb trop longues. Cependant, les musiques lentes peuvent tolérer un peu plus de réverb. C’est une distinction que vous pouvez faire vous-même, quoi qu’en disent les autres.

Pièges de la réverb

Une réverb possède plusieurs aspects qui ont chacun leurs propres conséquences. Si vous faites des erreurs, vous risquez de ruiner vos productions !

Longueur de la réverb

Si la réverb dure trop longtemps, vos notes individuelles dans une mélodie deviennent plus vagues. Surtout dans la zone médium-grave, vous devez faire attention à ce que la réverb ne soit pas trop présente. La raison est que cette section contient les basses et que vous voulez qu’elles gardent une bonne définition. Une basse ne peut pas vraiment tolérer la réverbération d’une note adjacente. Une manière de contourner ce problème consiste à filtrer ou à égaliser votre réverb, ce qui permet de supprimer (ou au moins de réduire) les médiums-graves.

Dans les aigus, vos notes peuvent tolérer plus de réverb. Les cordes aiguës d’une harpe, d’un piano, d’un violon ou d’une guitare interfèrent moins les unes avec les autres que les cordes graves.

Vous jouez en live ou vous aimez improviser ? Dans, ce cas, l’anticipation est la clé du succès. Vous pouvez très bien jouer avec une grosse réverb. La réverb vous indique plus ou moins quand ça devient un peu trop chaotique, vous vous en rendrez compte rapidement. Avant même de le savoir, vous jouez de manière à ne rencontrer aucun problème avec une réverb forte ou longue. Ce principe est assez similaire à la pédale de sustain d’un piano. Jouez en enfonçant constamment la pédale forte et vous entendrez automatiquement ce qui est possible ou non, ce mécanisme n’est pas vraiment différent pour la réverb.

Largeur de la réverb

En principe, une bonne réverb sonne bien en stéréo (ou même en surround). Cela signifie que l’empreinte digitale mentionnée ci-dessus est différente à gauche et à droite. L’avantage est que vous obtenez un bon gros son. L’inconvénient est que si tous vos instruments subissent cette réverb (dans une mesure plus ou moins grande), alors tout est également vaste et large. Cela sonne très bien, mais en termes de son, une sorte de saturation se produit très rapidement, votre mix devient très diffus. Une solution peut être de réduire la réverb, avec un logiciel Stereo Imager ou d’ajuster la panoramique de votre retour d’effet sur une console de mixage. Bien entendu, ça ne fonctionne que si vous laissez la réverb revenir sur deux canaux mono, chacun avec son propre réglage panoramique. La musique d’orchestre fonctionne plutôt bien avec une seule large réverb, c’est une peu la spécificité du genre.

Clarté de la réverb

Dans les synthétiseurs ou claviers de petite taille et anciens basés sur des échantillons (les sons), ces derniers sont un peu moins vivants que les échantillons disponibles de nos jours. Toute cette histoire est un peu trop technique pour cet article (peut-être un jour dans un autre article), mais pour résumer il n’y a pas beaucoup de vie dans les petits échantillons statiques. Une réverb peut apporter un peu de vie si suffisamment de tonalités aiguës sont reflétées et avec un temps de réverbération large. C’est un peu « tissssssssshhhh » (beaucoup d’aigus) par rapport à « tisuuuoooooew » (nombre décroissant d’aigus). Il semble s’agir d’une bonne solution, mais c’est un piège ! Utilisez une réverb aussi claire sur votre mix et vous obtiendrez rapidement un gros désordre qui sonne très bon marché.

C’est également irréaliste, la réverb d’une véritable salle de concert ou d’une église va progressivement perdre des aigus à cause des matériaux des murs, des rideaux, des meubles… Ces matériaux absorbent les ondes sonores et en particulier les aigus. Ils sont donc les premiers à disparaître et c’est peut-être une bonne chose aussi. Tous ceux qui souhaitent appliquer une réverb artificielle à leur mixage ne doivent donc pas craindre qu’il n’y ait pas assez de vie dans la réverb. Trop de vie n’est vraiment pas agréable. Ce problème n’existe pas dans une réverbération à convolution puisqu’il s’agit de l’empreinte digitale d’une salle telle quelle est.

Un peu trop

Imaginons que vous souhaitiez avoir une certaine grandeur dans votre son, mais qu’une réverb large/intense semble être trop ? Dans ce cas, vous feriez mieux de choisir une réverb plus subtile complétée par un delay tout aussi subtil. Ce delay produit aussi des réflexions, mais elles sont beaucoup moins intenses que celles d’une réverb.

Généralité

La réverb est un phénomène auquel vous pouvez vous attaquer uniquement si vous avez déjà acquis de l’expérience. C’est un peu comme conduire une voiture, le premier jour où vous la conduisez vous n’êtes pas vraiment à l’aise. Grâce à la réverb, il est possible de donner vie à un morceau de musique, mais il est tout aussi facile de ruiner un bon morceau en l’utilisant de manière inappropriée.