Qu’est-ce qu’un dommage auditif et quels sont les symptômes ? Quels sont les risques auditifs pour les musiciens ? Comment peut-on prévenir la perte auditive ou réduire les risques auditifs liés à l’écoute musicale ? Lisez ce blog pour en savoir plus !

Prévenir les dommages auditifs : prenez les risques au sérieux !

Presque tous les musiciens, qu’ils soient amateurs ou professionnels, encourent le risque de développer des dommages auditifs irréversibles. De plus, la perte de l’audition s’accentue avec l’âge. En combinaison avec un dommage auditif, cela peut avoir des conséquences ennuyeuses. Il existe de nombreux types de perte auditive dont l’acouphène (également appelé tinnitus). L’acouphène est très courant dans notre société. Il s’agit d’une affection au cours de laquelle les oreilles bourdonnent, sifflent ou tintent en permanence.

Prévenir les dommages auditifs : prenez les risques au sérieux !
Nous en discutons avec Erik Kempka (à gauche sur la photo), pionnier et expert dans le domaine de la protection auditive et le monitoring intra-auriculaire. Directeur de l’entreprise InEar Systems, Erik est fier de compter parmi sa clientèle un bon nombre d’artistes néerlandais, des ingénieurs du son et d’autres professionnels de la musique. Son intérêt pour la protection auditive et le monitoring intra-auriculaire remonte à l’époque où il était guitariste au sein du groupe Never Mind, il y a quelques décennies.

Dommages auditifs

Quelles sont les causes de la perte auditive ? Nombreux sont les malentendus sur ce qui peut causer des dommages auditifs, surtout les musiciens ne savent pas qu’est-ce qui est à l’origine d’une diminution de l’audition. « J’entends souvent dire les musiciens : je suis devenu sourd car mon groupe joue trop fort. Certes, c’est bien possible mais si vous ne répétez que quelques heures une fois par semaine et le volume est acceptable, cela ne causera probablement pas de dégâts à l’oreille. Surtout si vous pensez à bien reposer vos oreilles de temps en temps. Erik explique : « Le risque de développer des dommages auditifs dépend du niveau sonore et de la durée d’exposition. Bien entendu, le niveau sonore en lui-même peut être tellement fort qu’une brève exposition peut conduire à des dégâts irréversibles. Si le niveau est 140 dB (le décibel c’est l’unité de mesure de la pression acoustique), toute exposition, même de très courte durée, est dangereuse. Le bruit produit par un pétard tiré près de chez vous, par exemple, parvient à des valeurs de 140 dB. Pour les niveaux sonores de la vie courante (faibles à modérés), le risque de développer des dommages auditifs dépend de la fréquence de l’exposition pendant 24 heures. Pas seulement la musique, mais tous les sons sont pris en compte. » Une exposition à des niveaux de 80 dB pendant 8 heures par jour est considérée comme le seuil d’apparition de la fatigue auditive. Si on dépasse les 8 heures par jour, cela entraîne une perte auditive chronique. Pour se faire une idée : un équipement de travail produit 80 dB. La mesure des décibels est logarithmique. Ainsi, les décibels ne s’additionnent pas de manière arithmétique (comme des kilos ou des mètres). Par exemple, lorsque le niveau d’un signal sonore est multiplié par deux, le niveau sonore obtenu n’est supérieur que de 3 dB au niveau initial : 80 dB + 80 dB = 83 dB. Vous pouvez être exposé à un niveau sonore de 80 dB pendant 4 heures par jour. Un niveau sonore de 86 dB est deux fois plus fort que 80 dB et cela signifie donc que vous pouvez y être exposé pendant 2 heures par jour. Bien entendu, on peut également raisonner dans l’autre sens. Le niveau sonore d’une conversation normale est de 60 dB et peut être enduré indéfiniment. « On considère que l’ouïe est en danger à partir d’un niveau de 80 dB », raconte Erik.

Pause auditive

Le son produit par un groupe sur scène ou en salle de répétition dépasse rapidement les 100 dB. Jouer pendant quelques heures à un tel niveau sonore et sans protection auditive entraîne des dommages auditifs. Si vos oreilles sont exposées à des bruits forts pendant quelques années ou décennies, cela provoque sans doute des dégâts irréversibles. Si vous répétez à un niveau sonore autour de 85 à 90 dB et vous vous habituez à gérer vos temps de répétition, vous ne risquez guère d’endommager votre ouïe. Au-delà de 80 dB, il est primordial de faire régulièrement reposer vos oreilles. Mais ce n’est pas chose facile dans notre société d’aujourd’hui, Erik le sait très bien. « De temps en temps, je mesure le bruit dans mon village afin d’obtenir des données sur le bruit environnant. Au cours des vingt dernières années, le niveau sonore a passé de 60 dB à 70 dB. Apparemment, il y a de plus en plus de sources sonores et leur niveau sonore est de plus en plus élevé. Que ce soit dans une salle de concert ou dans une boîte de nuit, la musique est diffusée à des niveaux sonores trop élevés. Bref, il devient de plus en plus difficile de faire une pause auditive. Moi, j’en suis pleinement conscient. Si je vais aller boire un verre au café, je porte presque toujours des bouchons d’oreille. »
Prévenir les dommages auditifs : prenez les risques au sérieux !

Cellules sensorielles

L’audition humaine (oreilles, conduits auditifs, nerfs et fonctions du cerveau) est un système complexe. « Là où la science comprend seulement un quart du fonctionnement de l’oreille humaine, elle comprend 80% du fonctionnement du système visuel humaine », dit Erik. On fait toujours de nouvelles découvertes scientifiques sur l’audition. Prenons par exemple l’hypophyse, une glande qui se situe à la base du cerveau. Récemment, on a découvert que c’est grâce à l’hypophyse que l’on n’entend pas nos propres bruits corporels, comme le sang qui coule dans les veines ou le cœur qui bat. » Zoomons sur les oreilles. L’organe de l’audition abrite des cellules sensorielles qui captent les sons. On distingue deux types de cellules sensorielles : des cellules ciliées internes (CCI) et des cellules ciliées externes (CCE). Chaque oreille a environ 3 500 CCI qui transmettent le message sensoriel au cerveau et environ 15 000 CCE qui sont responsables de l’amplification locale de la vibration de la membrane basilaire. Notez que ‘externe’ ne veut pas dire que les cellules ciliées se trouvent à l’extérieur de l’oreille. L’amplification des accents est très importante. Grâce aux cellules ciliées externes, on entend la différence entre les sons z et s, p et t, et entre un violon et une flûte. « Le risque d’endommager vos cellules ciliées internes est minime. Elles seront uniquement endommagées si on est exposé à un bruit très fort, » dit Erik. « Les cellules ciliées externes sont beaucoup plus sensibles. Un dysfonctionnement des CCE entraîne une perte de la sensibilité et de la sélectivité en fréquence de l’organe auditif. Si les CCE ne fonctionnent plus correctement, on perd la capacité de distinguer les ondes sonores les unes des autres. Un violon (dent de scie) sonnera comme une flûte (onde sinusoïdale), par exemple. Un dysfonctionnement des CCE se caractérise par des difficultés croissantes à entendre, interpréter et comprendre les sons qui nous entourent, surtout dans les environnements bruyants.

La perte auditive due au bruit

Les personnes qui souffrent d’une perte auditive due au bruit (causée par une exposition à des sons trop forts sur le lieu de travail, par exemple) souffrent de dommages au niveau de leurs cellules ciliées externes. La perte de l’audition due au bruit chez les musiciens et les ingénieurs du son est un phénomène courant. Sachez que l’hérédité joue également un rôle important. Le caractère héréditaire de certains problèmes d’audition augmente le risque de perte auditive chez certaines personnes. De plus, la perte d’audition est liée à l’âge et s’accentue avec l’âge, explique Erik. « C’est à partir de trente ans que débute la dégradation progressive de l’audition (une perte de 10 dB tous les dix ans). Cela signifie qu’il faut donc toujours augmenter le volume du téléviseur ou de la radio. Si votre audition n’est pas défaillante mais qu’elle se dégrade de manière progressive, vous le constaterez probablement à partir de soixante ans. « Imaginez, votre audition a été endommagée dans votre jeunesse et vous avez des difficultés à entendre certaines fréquences. À partir de trente ans, votre audition commence à se dégrader. Les fréquences endommagées se dégradent parallèlement aux fréquences non endommagées. Par conséquent, on commence à entendre moins bien à partir de 50 ans et à 60 ans, on souffre d’une perte auditive due au bruit.

Test auditif

Vous avez déjà fait tester votre audition par un audioprothésiste et le résultat du test n’était pas si grave ? Peut-être que vous percevez moins bien certaines fréquences mais ce n’est pas une raison pour paniquer. « Les tests auditifs standards réalisés chez un audioprothésiste n’analysent pas tous les aspects de l’audition et ne sont pas adaptés pour mesurer l’audition des musiciens, » dit Erik. « On mesure par exemple cinq fréquences du spectre sonore. Pour mesurer l’audition des musiciens, il faut être beaucoup plus précis. En effet, de nombreux musiciens perçoivent moins bien certaines fréquences et cela n’est pas la même chose qu’un trouble auditif causé par une exposition excessive à des bruits forts sur le lieu de travail, par exemple. » Une baisse de la perception de certaines fréquences est très gênante, spécialement pour les musiciens. « Comme on ne perçoit pas certaines fréquences, on entend un timbre différemment que quelqu’un dont l’audition n’est pas affectée. Par conséquent, il est impossible de créer son propre son, ce qui est terrible pour un musicien. De plus, on ne peut pas compenser cette baisse de perception en augmentant le volume de ces fréquences, car on ne peut simplement pas les entendre et le son va faire mal aux oreilles. » Pour mesurer l’audition de manière précise, il faudra faire un test OEA (oto-émission acoustique).

Acouphène

L’acouphène, également appelé tinnitus, est un dommage auditif très gênant. Les acouphènes sont des bruits que l’on entend dans une oreille (ou les deux) sans qu’ils aient été émis par une source extérieure. Le son perçu est différent selon les personnes et ressemble souvent à un sifflement. « Certains de mes clients perçoivent de façon continue un bourdonnement, un bruit de cascade ou de douche ou le bruit d’un robinet qui coule. » On ne sait pas exactement d’où viennent les acouphènes. « Ces sensations sont souvent qualifiées de « fantômes ». De nombreuses personnes qui ont subi une amputation doivent vivre avec des douleurs fantômes. Il s’agit de sensations comme si le membre amputé était toujours présent. La douleur apparaît dans la région du cerveau concernée et pour les acouphènes c’est la même chose. Il existe plusieurs cas de tinnitus dramatiques. Prenons par exemple Bart Vinck. Ce spécialiste belge avait une patiente qui entendait de manière continue un son sifflant dans chaque oreille. De plus, les deux notes qu’elle entendait étaient fausses. Les bruits lui étaient intolérables et la femme en devenait folle. En consultation avec Bart Vinck, elle décida de se faire couper les deux nerfs auditifs pour devenir complètement sourde, dans le but de ne plus entendre les sifflements. Mais cela devint dramatique. Après l’opération, la femme était sourde mais elle entendait toujours les sifflements. Quelques semaines après, elle s’est suicidée. » Malheureusement, il n’existe pas de traitement spécifique pour guérir des acouphènes mais il existe plusieurs techniques pour faire taire les acouphènes, ceci grâce aux ressemblances avec les symptômes des douleurs fantômes.

Prévenir les dommages auditifs : prenez les risques au sérieux !

Pause auditive

Jouer dans un groupe sans protection auditive causera presque toujours un dégât auditif permanent. Imaginez, vous faites de la musique sans protéger votre audition. Que peut-on faire pour réduire les effets irréversibles ? « Il est fortement recommandé de faire des pauses pendant des concerts ou des répétitions », dit Erik. « Si vous jouez sans bouchons d’oreille, portez-les en tout cas pendant la pause, entre deux concerts. En effet, la musique diffusée entre deux concerts et le bruit du public peut être très fort. Allez au vestiaire pour reposer vos oreilles. N’écoutez pas la musique trop fort à domicile ou en voiture. Répétez chez vous à bas volume. Écouter ou faire de la musique à un niveau de volume élevé est addictif. Ça vous oblige à augmenter le volume constamment. » De plus, on peut tout aussi bien répéter en acoustique, sans amplification, dit Erik. « Une chorale de trois personnes, par exemple, ne nécessite pas de micros. »

Musique classique vs musique pop

Qui court le plus grand risque d’être touché par une perte d’audition, un musicien pop ou un musicien classique ? Cela vous surprendra peut-être, mais les recherches montrent que le risque est plus grand pour les musiciens classiques. Pourquoi ? Cela s’explique par le fait que les musiciens classiques donnent plus de concerts et qu’ils ne font pas autant de pauses auditives. Il ne faut pas sous-estimer la charge sonore produite par des orchestres. De plus, répéter à domicile est moins nocif pour les musiciens pop. Le plus souvent, ils jouent à bas volume ou sans ampli. Le volume d’une trompette ou d’un violon ne peut pas être réglé et ces instruments produisent un son très fort. N’oublions pas non plus de mentionner que les musiciens classiques jouent en moyenne cinq à six heures par jour !

Fort c’est fort

On entend souvent dire à la télé que la musique aux festivals de musique électro est beaucoup trop forte. « La qualité sonore y est très bien, les niveaux sonores élevés ne peuvent pas provoquer des dommages auditifs », c’est ce que disent les DJ de renommée mondiale. « Ce n’est pas vrai », dit Erik. « Fort c’est fort et un décibel est un décibel, quelle que soit la qualité sonore. En réalité, avec une bonne qualité sonore, le risque d’être affecté par une perte auditive est plus grand qu’avec une mauvaise qualité sonore. En effet, si on utilise des appareils anciens, le son risque de saturer quand le niveau sonore est trop élevé pour l’ampli ou l’enceinte. Un son saturé semble être plus fort qu’un son non saturé et on n’a donc pas tendance à augmenter le volume. Les équipements sono d’aujourd’hui supportent un niveau de volume très élevé, sans distorsion. Le son produit semble être moins fort mais ce n’est pas vrai. Comme déjà dit plus haut, un décibel est un décibel. C’est l’inconvénient du progrès technologique. »

Merci à Erik Kempka, directeur de In-Ear Systems.

Voir également

» Protection auditive
» Systèmes de monitoring intra-auriculaire
» Casques à réduction de bruit
» Écouteurs intra-auriculaires à réduction de bruit

» Casques audio : des risques pour l’audition
» Qu’est-ce qu’un casque à réduction de bruit ?
» La guerre du volume : plus fort c’est mieux ?

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