Dans ce blog, je m’intéresse à la musique accompagnant les thrillers et les films d’horreur. En plus d’aborder trois types de musiques effrayantes/inquiétantes, je vais partager mon top 10 des meilleures musiques de film d’horreur. Après, je vais approfondir mon analyse pour vous faire mieux comprendre comment fonctionne la musique d’une scène d’horreur ou de thriller. Bienvenue dans la maison hantée de Bax Music !

Comment fonctionne la musique dans les thrillers et les films d'horreur ?

3 types de musiques effrayantes

Bien qu’ils ne soient jamais aussi aimés que les classiques tels que Star Wars, ET, Indiana Jones et Harry Potter, les films d’horreur sont de plus en plus populaires en salle. Grand temps donc d’étudier plus en détail l’un des gros piliers de ce genre de films : la musique ! En général, on peut distinguer trois types de musiques de film d’horreur : la musique quétaine, les paysages sonores minimalistes et les classiques élégants.

La musique quétaine

Nous connaissons tous la musique quétaine à la synthpop bien rétro des vieux films. Ces productions à petit budget n’avaient tout simplement pas l’argent pour engager un orchestre et un compositeur. En effet, le résultat est effrayant, mais dans le mauvais sens du mot !

Paysages sonores minimalistes

Les paysages sonores minimalistes sont la tendance depuis plusieurs décennies ; des superpositions de sons diffus, un piano doux accompagné d’une bonne dose de résonance, et des effets puissants qui vous feront sauter de votre siège après un moment de silence intense. Ils sont bien produits et efficaces, mais pas toujours intéressants à écouter en dehors du film.

Classiques élégants

La troisième catégorie comprend les classiques élégants, c’est-à-dire les compositions mémorables et bien orchestrées qui valent la peine d’être écoutées en dehors du film. Comparé aux deux autres types cités ci-dessus, ce genre ressemble le plus à la musique conventionnelle de la vieille école.

Comment fonctionne la musique dans les thrillers et les films d'horreur ?

L’image-cliché de la musique d’horreur

Lorsqu’on pense « musique de film d’horreur », l’image qui nous vient souvent à l’esprit est celle de musiques chaotiques et atonales. Toutefois, en réalité, un bon film d’horreur ne contient que très peu de musique, surtout pendant les moments effrayants, parce que les images parlent d’elles-mêmes.

Minimaliste au bon moment

Avez-vous déjà remarqué que les victimes dans les films d’horreur sont souvent seuls au milieu de nulle part au moment où quelque chose d’effrayant va se passer ? Installer un mal-être d’isolation évoque l’une des plus grandes craintes de tous les êtres humains : être en péril, seul et ne pas pouvoir demander de l’aide. C’est pourquoi la musique accompagnant ces scènes est souvent minimaliste, monotone et diffuse : c’est une manière pour les scénaristes de créer de la distance et de l’aliénation. L’acteur ou l’actrice se trouve dans une maison sombre, une caverne ténébreuse ou une forêt obscure, et ce paysage sonore minimaliste commence à se faire entendre. C’est le moment de serrer les fesses dans l’attente du prochain bruit. Après un silence mystérieux de quelques minutes, l’enfer se déchaîne !

Accent sur le discours narratif

Le calme avant la tempête est donc une méthode fréquemment utilisée. Alternativement, on peut suivre une approche plus traditionnelle en mettant l’accent plus sur le discours narratif que sur les moments effrayants. En général, ces films sont de meilleure qualité, et leur bandes originales sont plus agréables à écouter en dehors du film. La musique d’un tel film peut être très conventionnelle ; tout ne doit pas forcément être noir dans un film d’horreur. Une ambiance sympa ou un peu d’humour (comme dans Poltergeist, 1982) peut créer du contraste, ce qui rend le film plus complet. De plus, mettre le spectateur dans un état positif ne fait que renforcer l’impact d’un moment effrayant. Les dents de la mer (1975) en est un parfait exemple : « Come on down here and chum some of this shit. » Une seconde après ce moment humoristique, vous regardez dans la gueule d’un grand requin blanc. Tout le monde saute de son siège !

10 bandes originales réussies de thrillers/films d’horreur

Voici ma sélection de dix bandes originales très réussies de thrillers/films d’horreur, sans ordre particulier.

The Descent – David Julyan

Véritable « creature feature », The Descent est très effrayant et claustrophobe. La musique repose sur de longues tonalités mystérieuses et des clusters de sons inquiétants, accompagnée d’instruments à cordes frottées et de cuivres. Mais en plus de ces bruits qui donnent froid dans le dos, le film a des moments beaux et impressionnants où la musique joue un rôle essentiel. Pensez, par exemple, à la scène de l’évasion et aux plans de la forêt.

Alien, le huitième passager – Jerry Goldsmith

Un indéniable classique, et l’une des œuvres les plus populaires de Jerry Goldsmith. Cette bande originale se distingue par ses moments lyriques, qui contrastent à merveille avec les scènes envoûtantes. Le montage final du film était une déception pour Goldsmith parce que le réalisateur, Ridley Scott, avait remplacé une partie de son travail par des musiques totalement différentes. Cependant, les fans de Goldsmith comptent la bande originale de Alien parmi ses meilleures œuvres.

Hellraiser : Le Pacte – Christopher Young

Premier film de la saga Hellraiser et, d’un point de vue musical, un moment important dans l’histoire des films d’horreur. Avec cette bande originale, Chris Young s’est imposé en tant que compositeur de musique de film d’horreur. Cette bande peut être qualifiée de forte, gothique et très agréable à écouter. ‘Resurrection’ constitue l’un des points forts de la carrière de Young, et c’est un excellent exemple d’un morceau basé sur la classique musique de carrousel. Ce style (une mesure à trois temps reposant sur des sons d’un orgue de Barbarie) est également utilisé dans la mini-série ÇA : Il est revenu (1990), et comporte des éléments clownesques qui évoquent la coulrophobie (phobie des clowns).

Hellraiser II : Les Écorchés – Christopher Young

Après le succès du premier opus, il n’aura été une surprise pour personne de voir l’arrivée de Hellraiser II. Le début du second film est loin d’être calme : l’avalanche musicale de l’ouverture fait ressembler le célèbre Carmina Burana à quelque chose que votre petit neveu a composé. C’est la musique idéale pour décharger votre colère ! Tout dans ce film (et dans toute la saga, d’ailleurs) est exagéré et se marie donc à merveille avec cette bande originale fantastique.

L’Élue – Christopher Young

Encore une bande originale réalisée par Chris Young ! Par rapport à Hellraiser, Bless the Child présente des éléments bien plus classiques. En effet, on retrouve des clusters atonaux avec des sons de piano, d’orchestre et de chœur. Le film lui-même n’a pas eu beaucoup de succès, mais sa bande originale n’en est pas moins bonne !

Sixième Sens – James Newton Howard

Sixième Sens est l’un des meilleurs thrillers surnaturels et marque la percée du réalisateur M. Night Shyamalan. La bande originale peut être caractérisée de très atmosphérique, surtout pendant les célèbres dernières scènes. Mais en plus des nombreux beaux moments, il y a aussi des moments sinistres et atonaux, avec un rôle primordial pour les instruments à cordes frottées.

Les Autres – Alejandro Amenábar

Amenábar est responsable de la réalisation et de la musique : une combinaison créative assez unique à ce niveau. La bande originale a rencontré des critiques très positives lors de sa sortie. Le film sait réaliser un suspense à couper le souffle grâce à l’atmosphère pesante et froide, qui repose en grande partie sur la musique.

Le Cercle – Hans Zimmer

Le Cercle (2002) combine tous les éléments musicaux d’un film d’horreur classique. Le piano avec résonance – la partie du piano ressemble quelque peu à celle de l’Exorciste (Tubular Bells – Mike Oldfield). Les sonorités aiguës des instruments à cordes frottées. Une boîte à musique représentant l’innocence de la jeunesse. Des clusters de sons diffus, avec des bruits ultra bas. Rien de révolutionnaire, mais, en somme, une bande originale de film d’horreur très efficace.

La Mouche – Howard Shore

Bien avant que Howard Shore attire l’attention du grand public pour la trilogie du Seigneur des anneaux adapté de Tolkien, il a composé la musique du classique La Mouche (1986). Sur le fond, cette bande originale est comparable à celle de Hellraiser ; belle, imposante et accompagnée d’éléments gothiques, elle peut parfaitement être écoutée en dehors du film. La présence d’un bon nombre de clusters atonaux rend la bande originale particulièrement complète.

Ça (2017) – Benjamin Wallfisch

La plupart de cette bande originale (et du film, d’ailleurs) est terrifiante. L’ouverture Every 27 Years comprend des éléments aliénants (j’en parlerai plus en détail plus tard), ainsi que des voix d’enfants et une chanson d’enfant. C’est typique pour les films d’horreur : créer un contraste entre l’horreur pure et l’innocence pure. La mélodie du piano apporte un sentiment de sécurité, mais les accords sont joués en différentes tonalités. Cette absence de points de repère contribue à l’effet d’aliénation ressenti par l’auditeur.

Astuces pour composer de la musique effrayante

Si, après avoir écouté ces bandes originales, vous voulez passer à la pratique et composer vous-même des musiques de films d’horreur, voici quelques astuces qui pourraient vous être utiles !

Contraste

Comme mentionné plus haut, le contraste est un ingrédient indispensable à tout film, non seulement en termes d’images et de narration, mais aussi en termes de musique. Ce n’est pas du tout perturbant ou gênant d’alterner des scènes effrayantes et intenses avec des moments calmes avec de la musique correspondante. La plupart des films d’horreur ont un thème surnaturel, vous permettant de laisser libre cours à votre créativité et à votre imagination. Un château, un manoir, une église, une grotte : en plus de faire peur, ces types d’endroits ont une certaine beauté que vous pouvez renforcer via la musique. Dans The Descent, les plans de forêts de montagne sont accompagnés de musique atmosphérique. D’autres contrastes efficaces sont ceux entre le bien et le mal et la culpabilité et l’innocence. Vous pourriez, par exemple, créer une série de clusters de sons de chœur et d’instruments à cordes frottées, accompagnés de la mélodie d’une boîte à musique. Les chansons d’enfant ou les voix d’enfants (Poltergeist/1982, Ça/2017) sont tout aussi efficaces.

Comment fonctionne la musique dans les thrillers et les films d'horreur ?

Manque de points de repère

Le manque de points de repère provoque une sensation de peur ou, au moins, de vigilance. Prenons l’exemple suivant : la très large majorité des escaliers sont munis de rampes. Celles-ci ne sont pas vraiment nécessaires pour monter ou descendre un escalier, mais elles permettent de se rattraper lorsqu’on trébuche ou qu’on manque une marche. Ce concept se présente également dans la musique, où on distingue des points de repère modaux et des points de repère tonals.

Points de repère modaux

Un accord joué dans une tonalité définie donne à l’auditeur un point de repère modal. L’auditeur sait quels autres accords pourront se produire et pense donc avoir la situation bien en main. Si ces points de repère modaux sont bouleversés, l’auditeur perd son sentiment de sécurité. Cette approche est souvent employée dans les films d’horreur pour créer un effet d’aliénation. Dans l’exemple ci-dessous, chaque mesure a une tonalité différente. De plus, à partir de la deuxième mesure de la portée inférieure, la basse procure une sorte d’effet de bouleversement. Si une telle note de basse n’est pas la tonique de la mesure, elle va créer un effet angoissant. Voilà donc deux aspects qui procurent de l’aliénation, élément clé dans la musique de film d’horreur. En général, on peut dire que, lors d’un changement d’accord, plus le nombre de notes modifiées est important, plus l’effet d’aliénation sera grand.

Comment fonctionne la musique dans les thrillers et les films d'horreur ?

(manque de points de repère modaux)

Points de repère tonals

Les points de repère tonals se rapportent au son, à la façon dont on joue de certains instruments, et aux attentes traditionnelles liées à ces instruments. Moins la musique comprend des éléments conventionnels, plus son effet sera aliénant. Par exemple, les instruments à cordes frottées sont un ingrédient commun dans les films d’horreur. Si l’on prend un morceau de musique composé par Tchaikovsky, l’emploi traditionnel de ces instruments devient très clair : toute la section joue la même note. Ces traditions sont installées dans les habitudes musicales, au point d’en paraître parfaitement naturelles pour la plupart des auditeurs. Les BO des films d’horreur utilisent souvent des clusters, par exemple pour faire monter le suspense. Un cluster est un groupe de notes jouées simultanément afin de provoquer un effet de masse. Dans notre exemple, la tonalité moyenne du cluster augmente, ce qui est une technique efficace pour faire monter le suspense dans ce genre.

Comment fonctionne la musique dans les thrillers et les films d'horreur ?

(clusters de notes, dont la hauteur augmente)

Les instruments à vent se prêtent aussi très bien aux effets aliénants. L’over-blowing (littéralement sur-souffle) et le flatterzunge sont des techniques couramment utilisées par Elliot Goldenthal, maître de ce type d’effets bizarres. Sa bande originale la plus reconnue est celle d’Alien 3 (1992), une œuvre suscitant des réactions très opposées. Les fans d’Alien 3 l’adorent, alors que certains détestent les parties des instruments à vent. Quoi qu’il en soit, c’est un excellent exemple de la technique d’aliénation. L’avantage de ce type d’effets peu conventionnels est qu’ils sont particulièrement efficaces dans les films d’horreur. Leur inconvénient est que, en raison de leur caractère peu conventionnel, ils sont difficiles à trouver dans les instruments virtuels. Ils existent, certes, mais souvent ils font partie d’une collection de sons spéciaux ; ce n’est que rarement que ces sons sont intégrés dans un instrument virtuel conventionnel. En plus des instruments à vent, c’est le piano avec une bonne dose de résonance qui se distingue en ce qui concerne les points de repère tonals. Puisque le piano est un instrument populaire et très connu, cette résonance suscite chez la plupart des auditeurs un effet mystérieux de distanciation, d’aliénation.

Effet de pulsation

L’effet de pulsation est une manière facile mais aussi dangereuse de suggérer un battement de cœur. Commençons par l’avantage de la pulsation : elle ne requiert aucun arrangement ou orchestration. La BO du film The Thing (1982, composée par Ennio Morricone) était résolument minimaliste avec des sons de basse synthétiques, mais très efficace. De plus, l’effet de pulsation est sans prétention, et c’est exactement ce qui devrait être votre objectif lorsque vous composez de la musique de film. Parfois, faire simple c’est mieux. Sa simplicité est aussi son inconvénient : la pulsation est tellement simple et efficace qu’il peut être séduisant de l’utiliser trop souvent.

Ambient

L’ambient ne requiert pas beaucoup de connaissances en matière de composition ou d’orchestration. Il est parfaitement possible de produire de la musique ambient pour un film d’horreur à l’aide d’un logiciel DAW et d’un synthétiseur (virtuel). En effet, votre principale activité sera le timbre au lieu de l’harmonisation. L’exemple ci-dessous regroupe des sons qui se révèlent très efficaces dans les films d’horreur, et aussi dans les soirées Halloween. Normalement, la composition d’un long morceau de musique demande certains skills, mais cette règle ne s’applique pas à l’ambient, parce que la composition n’est qu’une petite partie du travail.

MIDI

Si vous préférez une solution MIDI, vous pourriez utiliser un grand nombre d’arpégiateurs opérant lentement et les associer à un instrument (virtuel) capable de générer divers sons basé sur diverses notes. L’idée est que les arpégiateurs créent leurs propres formes, basées sur le motif qu’ils représentent. N’oubliez pas d’ajouter une bonne dose de résonance !

Audio

Alternativement, vous pouvez composer un morceau de musique effrayant de 5 minutes et allonger sa durée à l’aide de l’effet de time stretching. Cette approche vous permet non seulement de gagner du temps, mais aussi de rendre la bande originale plus mystérieuse et diffuse grâce à l’effet de répétition. Une autre solution peut être de baisser la hauteur de votre morceau (pas de pitch shifting ou time stretching). Ainsi, en plus d’être plus lent, le son perd son caractère reconnaissable ! Notons enfin la possibilité de renverser vos sons dans votre logiciel DAW avec la fonction Reverse, créant ainsi un effet très aliénant.

Quel est votre thriller/film d’horreur préféré ? Et vous souvenez-vous de la musique ?

Voir également

» Comment réussir l’éclairage d’une soirée Halloween
» Organiser une soirée Halloween : comment créer une ambiance effrayante ?

» Logiciels DAW
» Instruments virtuels
» Claviers MIDI

1 réponse
  1. Darla Molly dit :

    sur diverses notes?

Laisser un commentaire