Les choristes sont-ils des chanteurs ou des chanteuses qui n’ont pas vraiment réussi leur carrière ? Marjolein Spijkers, l’une des choristes les plus demandées aux Pays-Bas, n’est pas du tout de cet avis. Elle a chanté pendant 13 saisons dans l’émission de télévision néerlandaise « Ik Hou Van Holland », mais aussi avec le groupe de musique pop néerlandais Het Goede Doel. Elle a également été l’une des premières Frogettes (Claudettes à la néerlandaise) et s’est produite dans le stade d’Amsterdam avec le groupe De Toppers. Elle sait exactement ce qu’implique ce métier et compare les choristes à une section de cuivres : « Ce sont des musiciens qui sont une partie essentielle d’un concert ».

Les choristes : à l'arrière-plan, mais indispensable

Être choriste n’est pas une carrière de second choix

Le terme « choriste » ou « chœur » peut avoir une connotation péjorative, car beaucoup de personnes pensent encore qu’il s’agit de chanteurs et de chanteuses qui n’ont jamais pu devenir célèbres par eux-mêmes et qui ont donc, comme une sorte de second choix, commencé à chanter comme choriste. Selon Marjolein Spijkers, ce n’est pas du tout le cas et elle sait bien de quoi elle parle ! Depuis de nombreuses années, elle est la choriste d’une grande variété d’artistes et elle sait aussi ce que signifie être sous les feux des projecteurs. « Je compare toujours un bon chœur à une section de cuivres. Ce sont des musiciens qui constituent une partie essentielle d’un concert. Même si nous sommes placés à l’arrière-plan sur scène, notre rôle est primordial. » Le chanteur néerlandais René Froger, par exemple, parle toujours d’un « chœur de premier plan » quand il évoque ses Frogettes (Claudettes à la néerlandaise). Marjolein a su très tôt qu’elle voulait devenir chanteuse. « Ma mère dit toujours que je pouvais chanter avant de marcher. Elle aimait également beaucoup la musique et pensait que c’était important pour mon éducation d’apprendre à jouer d’un instrument. J’ai donc pris des leçons de piano durant plusieurs années. Pendant un certain temps, j’ai eu l’ambition de devenir danseuse. Je regardais l’émission Toppop (sorte de Hit Machine néerlandais populaire dans les années 70/80) et j’ai vu la danseuse et chorégraphe néerlandaise Penny de Jager et j’ai su que c’était ce que je voulais faire ». Après le lycée, Marjolein doutait qu’elle puisse entrer au conservatoire et elle n’avait plus vraiment envie d’aller à l’école, parce qu’elle travaillait déjà et qu’elle collaborait aussi dans toutes sortes de groupes.

Danser et chanter

La carrière de Marjolein a véritablement commencé lorsqu’elle a auditionné pour un show avec le chanteur d’opéra Marco Bakker. « Je voulais vraiment faire quelque chose au théâtre. J’avais une vingtaine d’années et j’avais vu dans le journal que l’on recherché des jeunes talents, alors je me suis dit : je vais y aller et on verra bien ce que ça donne. J’ai réussi l’audition, même si j’avais un salaire ridicule, c’était tout de même un début. J’ai dû danser et chanter et j’ai également eu le droit d’interpréter ma propre chanson avec Nico van der Linden. Je pense toujours qu’il s’agit d’un grand pianiste et j’ai beaucoup appris de lui. Avec ce show, j’ai aussi vu de l’intérieur tous les théâtres des Pays-Bas. Puis, j’ai travaillé avec le groupe Het Goede Doel. Pendant de nombreuses, je les ai accompagnés en tournée et c’est à partir de ce moment-là que je suis devenu chanteuse freelance. » Lorsque René Froger a commencé à se faire connaître avec « Winter in America », il a demandé à Marjolein de devenir la toute première Frogette. « Là aussi, j’ai dû danser et chanter. Nous sommes partis en tournée avec un très grand groupe dans un très grand bus. Il y avait même un traiteur qui s’occupait de nous si nous voulions boire quelque chose et ou manger un en-cas sur le chemin du retour, bref : beaucoup de folie ! » Marjolein a également participé à des comédies musicales. Elle a joué pendant un an et demi dans Les Misérables et elle a été la doublure pour le rôle d’Eponine. « Un beau rôle, mais très intensif quand on sait que cela représente un an et demi avec sept spectacles par semaine. »

Les choristes : à l'arrière-plan, mais indispensable
Marjolein Spijkers (crédit photo : Gerard Burgers)

Projet mis en suspens

En 1997, le groupe composé uniquement de femmes Mrs Einstein est devenu le centre d’attention. « Je faisais déjà partie de ce groupe depuis longtemps. Nous voulions faire un spectacle de théâtre sur le concours de l’Eurovision. Willem van Beusekom, qui n’est malheureusement plus parmi nous, était chargé d’organiser la participation de la délégation néerlandaise au concours de l’Eurovision, nous a demandé si nous aimerions représenter notre pays à l’Eurovision puisque que nous avions déjà le projet de faire un spectacle à ce propos. J’ai été la seule à dire « non ». Mais comme le vote était de quatre contre une, nous y sommes allées. Et j’ai passé une semaine en Irlande que je n’oublierai jamais de ma vie. Nous avions toutes un peu plus de seize ans, donc nous n’avons pas tout de suite réalisé l’importance de l’événement. Nous étions cinq avec déjà tout un répertoire, alors partout où nous allions, nous commencions à chanter. Nous avons donc mis notre projet initial en suspens, mais nous avons bien rigolé. » Marjolein est donc passée d’un extrême à l’autre, de choriste à l’arrière-plan à représentante de son pays au concours de l’Eurovision dont la réputation à l’époque suscitée bien plus d’intérêt de la presse qu’aujourd’hui. Quelle est donc la plus grande différence entre ces deux extrêmes ? « La relation avec le public. Lorsque vous êtes au fond de la scène, vous faites davantage partie du groupe et vous êtes beaucoup plus à l’écoute des besoins de l’artiste présent sur le devant de la scène. Certains ont vraiment besoin d’être aidé tout le temps. En tant qu’artiste solo, vous avez une responsabilité beaucoup plus grande envers le public. »

Intégrité

Le fait qu’il y ait parfois plus de talent chez les choristes que chez l’artiste en tête d’affiche ne provoque aucune rancœur pour Marjolein. « En plus de chanter, l’artiste doit aussi divertir son public, car il n’est pas au premier plan pour rien. Je n’ai aucun problème avec ça. Chacun a ses propres qualités et quand les gens viennent voir un artiste, il est normal qu’il soit mis en avant. Comme je fais moi-même des choses au théâtre, parfois j’aimerais bien intervenir dans la direction de certaines choses, mais à part cela, il faut savoir rester à sa place. Si on me demandait de travailler pour quelqu’un avec qui je n’ai rien à voir ou que je ne peux pas respecter, je ne le ferai tout simplement pas. Je ne dirai pas que j’aime toutes les musiques que je dois chanter, mais je dois être capable de le faire avec intégrité. » Marjolein travaille également beaucoup en studio. Pendant des années, elle a chanté les jingles de Sky Radio et d’innombrables autres stations de radio néerlandaises. « C’est vraiment chanter au millimètre près et il faut donc être très précis. Être en studio, chercher la bonne sonorité ou produire un joli son, c’est ce que j’aime aussi faire. Et le lendemain, par exemple, je suis de retour au côté de l’orchestre des Toppers au stade d’Amsterdam. Et deux jours plus tard, je discute d’un projet pour un film ou une série. J’aime la variété et je n’hésite pas à utiliser ma voix de différentes manières. » En live, Marjolein opte invariablement pour un monitoring intra-auriculaire. « Vous préservez ainsi votre voix. Et de préférence en combinaison avec les équipements du fabricant Aviom. Vous disposez alors d’une console de mixage à 16 canaux sur laquelle vous pouvez tout contrôler séparément : la batterie, la basse, les claviers et donc toutes les voix des choristes afin de réaliser exactement le mixage qui vous convient. Par conséquent, vous n’avez jamais besoin de chanter trop fort pour vous élever au-dessus du groupe. Et vous avez beaucoup plus de contrôle sur ce que vous faites. Le seul inconvénient est la communication entre les choristes et/ou les musiciens si vous avez ces « oreillettes ». Mais nous avons inventé une sorte de langage des signes pour communiquer et ça fonctionne bien. »

Les choristes : à l'arrière-plan, mais indispensable
(Crédit photo : Gerard Burgers)

Attendre patiemment

Chanter est un métier. Que vous chantiez comme choriste ou en solo. Il faut avoir le bagage nécessaire pour pouvoir exercer correctement cette profession. « Vous devez avoir de bonnes oreilles, pas seulement musicalement, car il faut aussi savoir bien écouter, soi-même, mais surtout les autres. Et si vous êtes choriste, vous devez être capable de vous mettre au service des autres. Faire preuve de bonne humeur aide aussi énormément et il faut être capable d’endurer de longues journées de travail. Par exemple, l’émission de télévision « Ik Hou Van Holland » demande beaucoup de travail. Nous enregistrions deux émissions par jour, donc à neuf heures du matin je mets mes oreillettes et à onze heures et demie du soir je les retire enfin. Et rebelote le lendemain. Il fait chaud et il se passe beaucoup de choses pendant un tel enregistrement. Nous chantons toujours des morceaux très courts et nous devons ensuite attendre très longtemps. Pourtant, c’est très agréable à faire. » Le monde des choristes est petit et confidentiel. Comment cela fonctionne-t-il exactement ? « Le temps passé en studio coûte très cher et les producteurs ne sont donc pas toujours enclins à collaborer avec des personnes qu’ils ne connaissent pas. Si une certaine combinaison de chanteurs fonctionne bien, on les sollicitera fréquemment. Mais il y a aussi de nos jours beaucoup plus de cours de musique et, bien sûr, une nouvelle génération arrive. Si vous faites savoir que vous êtes là et que vous voulez faire ce travail, alors on vous donnera probablement votre chance. Tout comme ce fut le cas pour moi, ce qui m’a permis de faire mes preuves. »

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