Chanter avec ou sans compression
Publié le vendredi 15 janvier 2021
Dans cette série sur la technique vocale, le concept de compression a été abordé à plusieurs reprises. Dans ce quatrième épisode, nous allons approfondir ce sujet. Vos cordes vocales jouent un rôle crucial à cet égard. Vous découvrirez comment apprendre à chanter avec et sans compression pour enrichir votre voix.
- Compression
- Soutien de la respiration et compression
- Cordes vocales
- Belcanto et registres
- Pop et autres styles
- Plage dynamique
- Gamme de tonalité
- Mise en place sans compression
- Choix artistique
- Voir également
Attention
N’essayez pas les techniques de chant ci-dessous par vous-même, mais combinez toujours ces connaissances avec des cours de chant. Quelques leçons valent mieux qu’aucune. Vous évitez ainsi a) de vous retrouver bloqué et b) d’endommager vos cordes vocales.
Compression
Pour faire court, la compression consiste à rapprocher activement les cordes vocales l’une de l’autre. Dans cette série, nous nous sommes jusqu’à présent concentrés sur le chant avec compression. Il y a une bonne raison à cela, que nous expliquerons ultérieurement. Vous pouvez aussi chanter sans compression. Le résultat sonne différemment qu’avec la compression, principalement parce que votre voix a alors des harmoniques différentes. En étant capable de chanter avec et sans compression, vous enrichissez votre spectre sonore. Votre voix offre ainsi plus de possibilités. Chanter avec ou sans compression (ou les appliquer alternativement) est principalement un choix artistique. Vous ne maîtrisez pas encore les deux, mais vous chantez toujours avec ou sans compression ? Même dans ce cas, vous pouvez encore vous bâtir une excellente carrière de chanteur ou de chanteuse. D’ailleurs, la plupart des gens chantent naturellement avec une compression, parce que c’est comme ça qu’ils parlent. Cependant, si vous voulez pouvoir offrir davantage avec votre voix, il est bon de connaître les deux techniques. En plus des considérations artistiques, il y a aussi des avantages techniques à maîtriser les deux techniques. En effet, le chant avec compression a ses limites. Vous ne pouvez pas chanter très doucement ou très fort avec cette technique. Si vous essayez quand même, vous risquez d’endommager vos cordes vocales. En ce qui concerne la tonalité, le chant avec et sans compression sont comparables. Avec les deux techniques, vous pouvez atteindre votre tonalité la plus élevée. Mais si vous voulez chanter aigu et fort, comme dans une situation en live, vous devrez le faire sans compression (nous y reviendrons plus tard). Car si vous chantez sans compression, vous bénéficiez d’une plus grande plage dynamique qu’avec la compression.
Soutien de la respiration et compression
Dans cette série sur la technique vocale, nous nous sommes concentrés sur le chant avec compression. Il y a une bonne explication qui se rapporte au soutien de la respiration. Si vous suivez cette série, vous comprendrez à quel point il est important d’avoir une bonne respiration pour bien chanter (voir en particulier l’épisode 2). Vous activez le soutien de la respiration par le biais de votre diaphragme. La mise en place d’une compression et d’un soutien de la respiration sont liées par nature. En effet, vos cordes vocales et votre diaphragme sont intimement liés. Si vous effectuez une compression (c’est-à-dire que vous accolez vos cordes vocales l’une contre l’autre), vous activez automatiquement votre soutien de la respiration. Ce mécanisme est à l’origine destiné à pouvoir appliquer une force, par exemple lorsque vous devez soulever quelque chose. Il s’agit d’un mécanisme naturel très utile lorsque l’on chante. C’est pour cette raison que dans cette série sur les techniques vocales, nous nous sommes d’abord concentrés sur l’activation du soutien de la respiration à partir des cordes vocales, c’est-à-dire sur la mise en place d’une compression. C’est un mouvement naturel, vous pouvez donc rapidement vous l’approprier. Il s’agit également d’un bon point de départ pour apprendre à mettre en place un soutien de la respiration sans compression.
Cordes vocales
Qu’est-ce que la compression exactement ? Pour répondre, nous devons examiner un peu plus attentivement les cordes vocales. Les cordes vocales se composent de plis vocaux, c’est-à-dire des cordes vocales proprement dites, du muscle vocal et de muqueuse. Pour produire un son, les cordes vocales doivent être accolées l’une contre l’autre, mais sans exercer trop de force, car dans ce cas l’air ne peut pas passer. L’air qui passe fait vibrer les cordes vocales, ce qui produit un son. Plus le flux d’air est rapide, plus le son est fort. La compression des cordes vocales peut s’effectuer de différentes manières. Les cordes vocales sont des muscles qui peuvent donc se contracter. Lorsque les cordes vocales se contractent avec les muscles qui tirent les cordes vocales, nous appelons cela le mode actif ou le chant avec compression. Les cordes vocales sont activement impliquées et tendues. En plus de ce mode actif, il existe également un mode passif. Les cordes vocales sont placées les unes contre les autres, mais uniquement en utilisant les muscles adjacents. Les cordes vocales elles-mêmes restent décontractées. Chanter dans ce mode passif est appelé chanter sans compression. Les cordes vocales sont placées les unes contre les autres, aussi bien pour le chant avec compression que pour le chant sans compression. Cela doit être fait, sinon il n’y aurait pas de son. Ainsi, lorsque l’on chante avec compression, ce sont les cordes vocales elles-mêmes qui s’accolent (mode actif) et lorsque l’on chante sans compression (mode passif), ce sont les muscles environnants qui font travailler les cordes vocales, tandis que celles-ci restent détendues.
Belcanto et registres
Chanter avec ou sans compression est bien beau, mais que pouvez-vous en faire ? Pour vous donner plus d’explications, nous allons d’abord nous plonger dans l’histoire de la technique vocale. Dans le premier épisode de cette série, nous vous avions parlé brièvement du belcanto. Cette technique de chant, qui a vu le jour il y a trois ou quatre siècles, est destinée à chanter à la fois magnifiquement et fort. Le nom de belcanto n’est entré en usage que quelques siècles après le développement de la technique. Il s’agit d’une technique de chant classique. Le principe du belcanto est de rendre l’espace entre le larynx et le palais mou aussi large que possible, ce qui donne à la voix un son plein et ouvert. Dans le belcanto, il y a ce qu’on appelle des registres : voix de poitrine, voix de tête et parfois aussi voix médiane. Le nom du registre est basé sur l’endroit de votre corps où vous ressentez le plus votre voix à ce moment-là. Nous pourrions dire (approximativement) que la voix de tête et la voix de poitrine sont des registres où l’on chante sans compression. Et la voix médiane est (approximativement) le registre où vous chantez avec compression. Dans le belcanto, on s’efforce de rendre les transitions d’un registre à l’autre aussi inaudibles que possible. Cela se fait en gardant le larynx aussi bas que possible. Cette technique demande beaucoup de travail et il faut environ huit ans pour la maîtriser.
Pop et autres styles
Le belcanto est une technique de chant dont le but est d’atteindre un idéal sonore classique, comme celui que l’on connaît de l’opéra. Bien entendu, il s’agit d’une question de goût, mais cette manière de chanter ne se prête pas très bien à la musique pop. Dans ce style de musique, la manière de chanter est généralement différente. De plus, le belcanto présente l’inconvénient que les textes sont difficiles à comprendre, car en gardant le larynx bas tous les sons se ressemblent. Dans la pop, les paroles sont généralement importantes, c’est pourquoi il est crucial qu’elles soient bien comprises. C’est en partie pour cette raison que le larynx n’est pas tenu aussi bas dans la musique pop comme c’est le cas dans le belcanto. Dans la pop, ce n’est pas du tout dérangeant d’entendre la transition entre le chant avec et sans compression. Votre voix se met alors à « sauter » : vous passez subitement dans l’autre mode vocal. En d’autres termes, la tension musculaire (la compression) est relâchée, ce qui signifie que vous utilisez tout à coup un mécanisme différent. À titre d’illustration, la transition entre du chant avec et sans compression est très nettement audible dans le yodel. Dans la musique pop, deux techniques de chant sont souvent utilisées. Il s’agit des méthodes Estill Voice Training System (EVTS) et Complete Vocal Technique (CVT). Tout comme avec le belcanto, ces techniques de chant comportent des registres. La méthode EVTS distingue six types de voix appelés « voice qualities ». La CVT compte quatre « vocal modes ». Vous pouvez les considérer comme les sons de base que vous pouvez produire avec votre voix, un peu comme des presets. La méthode Vocal Feedback d’Alfons Verreijt (source pour cette série) ne fait état que de deux modes de base pour chanter, à savoir avec compression et sans compression. Dans ces modes, il est possible de colorer votre voix différemment. Mais qui a raison ? « Toutes les méthodes sont bonnes », c’est la réponse d’Alfons. « Les différentes méthodes ont leurs propres appellations pour ce qui, en principe, revient au même. Mais pour comprendre comment fonctionne une voix de chanteur, il est bon de prendre comme base le fait de chanter avec et sans compression. » Pour sa méthode Vocal Feedback, Alfons a choisi deux modes vocaux : avec et sans compression. « Ce sont les deux seuls qui sont très clairement différents l’un de l’autre et qui ne peuvent pas être mélangés sur le plan fonctionnel au niveau des cordes vocales. Cela ne signifie pas que le nombre de possibilités sonores est limité. D’autres sons peuvent être produits à différents niveaux : larynx haut ou bas, avec ou sans twang (rabattement de l’épiglotte), palais mou vers le haut ou non, et ainsi de suite. Apprendre à distinguer les endroits où vous pouvez influencer votre son est un élément important de la méthode Vocal Feedback. »
Plage dynamique
Nous allons approfondir un peu plus le sujet du chant avec et sans compression. Le tableau ci-dessus permet de clarifier les choses. Il fait une distinction entre le chant sans compression et le chant avec compression. Le mécanisme de la compression est soit activé, soit désactivé. Il ne peut jamais être en partie activé et en partie désactivé. Si vous passez de la compression à la non-compression, alors vous l’entendrez directement. Dans le belcanto, l’interprète essaie de rendre cette transition aussi inaudible que possible. Néanmoins, les chanteurs de belcanto ont tendance à ressentir cette transition, comme une sorte de déclic interne. La plage dynamique (forte et faible) est très importante. Lorsque vous chantez sans compression, vous disposez de toute la plage dynamique. Le contrôle du volume de votre voix peut aller de 0 à 10, de très faible à très fort. Cela ne s’applique pas au chant avec compression. Le réglage du volume peut aller de 3 à 7. Si vous chantez avec une compression plus faible que le « volume 3 », vous commencerez à gémir. Parce que les cordes vocales tendues donnent trop de résistance à l’air qui passe doucement et lentement. Si vous voulez chanter plus fort que le « volume 7 » avec compression, l’air sera poussé le long des cordes vocales tendues avec trop de force. Le résultat peut sembler intéressant, mais cette pratique est nocive pour vos cordes vocales. C’est pourquoi vous avez souvent des problèmes avec votre voix après avoir visité un bar : vous parlez avec une compression et vous voulez quand même faire plus de volume pour être compréhensible.
Gamme de tonalité
Voilà pour la plage dynamique. Nous passons à présent à la tonalité. Comme indiqué précédemment, avec ou sans compression, vous pouvez produire les tonalités les plus hautes et les plus basses. Mais il y a un hic. Il y a parfois des circonstances dans lesquelles vous devez chanter fort ou que vous sentez que vous devez chanter fort, par exemple lors d’un concert. Cependant, chanter fort n’est pas possible avec la compression. Avec la compression, vous ne pouvez pas chanter plus fort que le « volume 7 ». De nombreux chanteurs peuvent atteindre leur note maximale en studio parce que les circonstances y sont telles qu’ils n’ont pas à chanter fort. Mais en live, cela peut être différent, parce que vous devez chanter plus fort (ou penser que vous devez le faire) qu’en studio. On constate parfois que le micro sur les notes aiguës est pointé vers le public. La note aiguë est ensuite « transférée » au public. Un son fort et aigu doit donc être sans compression. Mais, ce n’est pas aussi facile. Si vous regardez le tableau, vous voyez que dans le mode « sans compression », vous pouvez distinguer deux approches consistantes à utiliser les « bords » des cordes vocales et « toute la largeur ». Dans le premier cas, seuls les bords des cordes vocales sont en vibration et dans le deuxième cas, ce sont toutes les cordes vocales qui participent. Si vous n’utilisez que les bords, votre voix sera douce et très faible. Si vous utilisez toute la largeur des cordes vocales, le son sera fort et puissant. Là encore, il s’agit principalement d’un choix artistique quant à la technique à utiliser et à la manière de les alterner. Si nous continuons à vouloir chanter « fort et aigu », nous pouvons voir que chanter sans compression entraîne aussi des problèmes. Vous ne pouvez pas chanter fort si vous utilisez les bords des cordes vocales. Et si vous utilisez toute la largeur, vous perdez environ quatre à cinq notes dans votre hauteur maximale. Alors comment chanter fort et aigu ? Il existe une bonne méthode baptisée le belting. Vous chantez sans compression, vos cordes vocales vibrent sur toute leur largeur que vous combinez avec ce qu’on appelle le « twang ». Si vous procédez de la sorte, vous pouvez chanter fort et aigu. Le prochain épisode traitera du belting et du twang.
Mise en place sans compression
Jusqu’à présent, nous avons principalement abordé le chant avec et sans compression sur le plan théorique. Passons maintenant à la pratique ! Chanter avec compression se fait en accolant activement vos cordes vocales l’une contre l’autre. Nous en avons parlé dans l’épisode précédent. Mais comment procéder sans compression ? Lorsque vous commencez à chanter sans compression, vous avez l’impression que votre gorge est ouverte. Comme si vos cordes vocales n’étaient pas l’une contre l’autre. Cependant, les apparences peuvent être trompeuses : vos cordes vocales sont bien l’une contre l’autre, mais elles sont détendues. Comment obtenez-vous ce résultat ? Vous y parvenez en inspirant. Lorsque vous inspirez, vous le faites avec la gorge ouverte. Si vous voulez chanter sans compression, vous devez maintenir cette impression d’ouverture.
Choix artistique
Là encore, chanter avec ou sans compression est surtout un choix artistique personnel. Il peut également s’agir d’un choix artistique de les utiliser en alternance. Une chanteuse comme Maria Carey le fait tout le temps. Le chanteur de Coldplay, Chris Martin, chante généralement ses notes graves et médiums avec compression, mais il chante ses notes aiguës sans compression. Pourtant, il est essentiel que vous maîtrisiez les deux techniques. Votre son sera plus riche et vous aurez plus à offrir en tant que chanteur. De plus, vous risquez moins de vous heurter à des limites techniques. Dans le prochain épisode, vous découvrirez les techniques du belting et du twang. Ces termes ont déjà été mentionnés dans cet article. Ils vous donnent la possibilité de chanter fort et aigu.
Voir également
» Belting et Twang – les techniques pour chanter aigu et fort
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