Belting et Twang – les techniques pour chanter aigu et fort
Publié le vendredi 11 décembre 2020
Vous voulez chanter dans les aigus et fort ? Bien entendu, sans endommager votre voix ? Dans ce cas, il n’y a qu’une seule technique et c’est le belting ! Un élément indispensable du belting et le twang. Le twang peut également être utilisé lorsqu’il n’est pas nécessaire de monter très haut dans les aigus et d’avoir un volume très fort.
- Retour sur l’étape précédente : la compression
- Le rôle de l’épiglotte
- Exemples
- Perspective historique
- Effet mégaphone
- Audition conditionnée
- Dosage
- Formant du chanteur
- Bon à savoir
- Plus de 100 dB
- Les voyelles sonnent différemment
- Voir également
Attention
N’essayez pas les techniques de chant ci-dessous par vous-même, mais combinez toujours ces connaissances avec des cours de chant. Quelques leçons valent mieux qu’aucune. Vous évitez ainsi a) de vous retrouver bloqué et b) d’endommager vos cordes vocales.
Retour sur l’étape précédente : la compression
Revenons à l’épisode précédent de cette série, dans lequel nous avions abordé le chant avec et sans compression qui consiste à contracter et à détendre les cordes vocales. Lorsque l’on chante avec de la compression, les cordes vocales elles-mêmes sont tendues (mode actif). En chantant sans compression (mode passif), seuls les muscles adjacents resserrent les cordes vocales, tandis que les cordes vocales restent elles-mêmes détendues. En maîtrisant ces deux techniques, vous augmentez les possibilités obtenues avec votre voix. Cependant, ces deux techniques ont leurs propres limites. Si vous examinez le tableau ci-dessous, vous constaterez que la plage dynamique du chant avec compression est limitée : le contrôle du volume peut aller de 3 à 7. Si vous chantez avec une compression inférieure à 3, votre voix commencera à grésiller. Si vous essayez de chanter avec une compression plus forte que 7, vos cordes vocales seront endommagées. Si vous chantez sans compression, vous bénéficiez de toute la plage dynamique (0 à 10). Mais là, vous vous heurtez à d’autres limites. Si vous chantez sans compression avec les bords de vos cordes vocales, vous pouvez atteindre les notes les plus aiguës, mais votre voix semblera faible ou fluette. Dans le belcanto, on appelle cela la voix de tête ou en italien falsetto. Dans la méthode CVT (Complete Vocal Technique), on parle de mode vocal neutral et dans l’EVTS (Estill Voice Training System) de falsetto.
Le rôle de l’épiglotte
Avec ces techniques, il n’est pas possible de chanter fort et en même temps en montant dans les aigus. Chanter fort doit toujours se faire sans compression, car chanter à un volume élevé avec une compression est nuisible pour la voix. Si vous voulez chanter dans les aigus et fort, vous devez utiliser la technique du belting. Le terme anglais belting a pour signification « crier » ou « hurler ». Dans la méthode EVTS, le terme belting est également utilisé à cet effet et dans la technique CVT, il est appelé « edge ». Le belting est un chant sans compression sur toute la largeur de vos cordes vocales avec un twang maximum. Le twang est un élément indispensable du belting. Mais qu’est-ce que le twang et comment le réaliser ? Il s’agit d’une contraction du muscle aryténo-épiglottique. L’épiglotte est une structure cartilagineuse du larynx située au-dessus de vos cordes vocales. Si vous la tirez vers l’arrière, votre canal vocal, appelé aussi tractus vocal ou conduit vocal, agira comme une sorte de mégaphone. Simultanément, la gamme des fréquences entre 4 000 et 5 000 Hertz (c’est-à-dire les aigus) est amplifiée. Avec le belting, vous pouvez atteindre les notes les plus aiguës tout en augmentant le volume. L’avantage de cette technique est qu’elle ne nuit pas à votre voix. Si vous la réaliser correctement, cela ne vous coûtera aucun effort. Toutefois, il est important de ne pas utiliser de compression lorsque vous apprenez le belting pour ne pas endommager votre voix.
Exemples
Un bébé qui crie est un exemple parlant de belting. Il peut faire énormément de bruit en requérant un effort relativement faible et tout en le maintenant pendant très longtemps. Un petit garçon qui joue avec des voitures et qui fait le son correspondant fait également appelle au belting. Pour ce faire, il suffit d’utiliser le twang, donc de tirer l’épiglotte vers l’arrière. Le twang est aussi ce que vous faites quand vous imitez le rire d’une méchante sorcière. Il est également possible de faire du twang sans avoir un volume élevé, mais dans ce cas, il ne s’agit pas de belting. Certaines personnes utilisent naturellement le twang lorsqu’ils parlent. La voix typique de l’actrice américaine Fran Drescher (de la série TV une nounou d’enfer) est due au fait qu’elle est constamment en train de twanger. Les Américains (en particulier dans le sud des États-Unis) utilisent beaucoup le twang lorsqu’ils parlent. Bert du célèbre duo de Sesame Street, Bert & Ernie, possède également ce timbre de voix caractéristique. Bert parle avec de la compression et du twang, Ernie parle sans compression. Mais c’est une parenthèse, il s’agit d’exemples de twang et de belting dans des situations non chantées. De nombreux chanteurs appliquent le twang lorsqu’ils doivent chanter dans les aigus (par exemple Aretha Franklin dans ses jeunes années), mais il y a aussi des chanteurs connus qui l’appliquent constamment comme par exemple Tina Turner, Anastacia, Axl Rose (Guns N’Roses) et Joey Tempest (Europe).
Perspective historique
Il est intéressant d’examiner le belting et le twang dans une perspective un peu plus large et historique. Le premier épisode de cette série a été consacré à l’histoire de la voix chantée. Nous y avions évoqué le belcanto : une technique de chant qui trouve son origine à la Renaissance et qui vise l’idéal sonore classique. Avec le belcanto, le larynx est toujours maintenu aussi bas que possible. Le résultat est que tous les sons se ressemblent, ce qui ne favorise pas l’intelligibilité. Pour la musique classique, le belcanto a toujours bien fonctionné, et ce malgré une intelligibilité inférieure. Entre-temps, des mouvements musicaux sont apparus dans lesquels l’intelligibilité était et reste importante. Comme par exemple dans le gospel avec des chœurs où les solistes (non amplifiés dans le passé) devaient s’élever au-dessus des autres voix. Les comédies musicales apparues au début du XXe siècle sont également un bon exemple. Bien entendu, c’est également le cas dans la musique pop actuelle où la compréhension des paroles est souvent importante. Les solistes d’une chorale de gospel sont généralement les membres de la chorale qui se sont automatiquement élevés au-dessus des autres en chantant différemment. Ils chantent avec un son puissant et ouvert. Pas à la manière du belcanto, mais avec un son qui évoque davantage et qui ressemble parfois même à des cris. Le belting donc.
Effet mégaphone
Comment fonctionne le belting précisément ? Comme nous l’avons dit : le belting est un chant sans compression sur toute la largeur de vos cordes vocales et avec un maximum de twang. En chantant sans compression, vous êtes en mesure d’avoir un contrôle du volume allant jusqu’à 10. Et parce que vos cordes vocales sont en pleine vibration, votre voix sonne pleinement. Chanter sur toute la largeur de vos cordes vocales a normalement pour conséquence que vous perdez environ quatre à cinq notes dans votre hauteur maximale. Mais vous pouvez compenser cette perte avec le twang en d’autres termes en tirant votre épiglotte vers l’arrière. Que se passe-t-il exactement lorsque vous twangez ? La pratique du twang crée une sorte d’effet de mégaphone. Cet effet est similaire à celui obtenu avec un entonnoir ou un pavillon. Comparez un haut-parleur ordinaire et plat avec un exemplaire équipé d’un pavillon. Le son qui sort d’un haut-parleur ordinaire arrive directement dans l’espace libre, ce qui n’est pas le cas avec un pavillon. Dans un pavillon, le son rebondit d’abord sur les parois. De ce fait, la fréquence propre du pavillon commence à agir : les ondes sonores dans la plage de sa propre fréquence font vibrer les parois du pavillon. C’est ce qu’on appelle la résonance. Cette vibration amplifie le son dans cette gamme de fréquences spécifique. Plus le pavillon est petit, plus la gamme de fréquences amplifiées est élevée. Et plus le pavillon est grand (par exemple une corne de brume d’un navire), plus la gamme de fréquences amplifiées est basse. Avec un mégaphone, c’est surtout la gamme de fréquences entre 4 000 et 5 000 Hertz qui est amplifiée. Il s’agit de la gamme de fréquences dans laquelle se situe la parole, ce qui vous permet de vous faire comprendre avec un mégaphone, surtout dans les environnements bruyants. Notre audition est très sensible à cette gamme de fréquences. Le pavillon d’un gramophone classique fonctionne également selon ce principe.
Audition conditionnée
Lorsque vous twangez, le même phénomène se produit dans votre canal vocal, comme décrit ci-dessus. En tirant l’épiglotte vers l’arrière, votre gorge s’aplatit et à cause de la contraction des muscles, les parois deviennent plus dures. Votre canal vocal commence à fonctionner comme une sorte de pavillon et sa propre fréquence est amplifiée, au détriment des autres fréquences (surtout les graves). Avec le twang, le son devient plus aigu. C’est comme si on mettait en marche le bouton « Presence » d’un ampli guitare. Cette fréquence propre amplifiée se situe entre les 4 000 et 5 000 Hertz mentionnés ci-dessus, tout comme pour le mégaphone. C’est la gamme de fréquences dans laquelle notre audition est conditionnée pour comprendre ce qui est dit. Le fait que notre audition soit conditionnée par la voix humaine est illustré par la pratique du fondu. Si vous laissez une chanson se terminer en baissant le volume jusqu’à son extinction, c’est la voix qui reste audible le plus longtemps. Votre cerveau reste concentré sur la voix et filtre les autres sons autant que possible. C’est pourquoi, dans les fondus, la voix est généralement plus forte que le reste de la musique. Une autre particularité de notre audition est qu’elle complète les sons graves manquants. Lorsque, dans un mixage de voix très chargé, il y a beaucoup de twang, l’audition elle-même comble les sons manquants dans la voix du chanteur. Pour le chanteur lui-même, la pratique du twang lui donne une impression négative. Mais ce n’est pas le cas pour l’auditeur, car son audition compense les sons manquants. C’est pourquoi il est toujours bon de faire des enregistrements de soi-même et de les réécouter. C’est à ce moment-là que l’on entend vraiment le rendu.
Dosage
Vous pouvez également utiliser le twang et le belting lorsqu’il n’est pas nécessaire de monter dans les aigus et d’avoir un volume plus élevé. Ces techniques sont utilisables principalement pour colorer votre voix et pour mettre certains accents. L’avantage du twang est qu’il est possible de le doser. Vous pouvez par exemple choisir d’utiliser le twang avec parcimonie dans les graves et les médiums et de manière plus exagérée dans les aigus. Aretha Franklin le fait par exemple dans la chanson I Never Loved a Man. Si vous voulez chanter avec puissance, chantez sans compression sur toute la largeur de vos cordes vocales et ajoutez un peu plus de twang lorsque vous montez dans les aigus. Vous pouvez également combiner le twang avec du chant comportant de la compression. Toutefois, lorsque vous chantez avec de la compression, le contrôle du volume ne peut aller que jusqu’à 7. Au-dessus, il devient nuisible pour votre voix. Si vous chantez avec de la compression et que vous « désactivez » la compression, votre voix passera automatiquement à un volume plus élevé. Un exemple de twang avec compression est la chanson A Real Mother for Ya de Johnny « Guitar » Watson. Le fait de twanger en chantant avec une compression offre un certain avantage. Il est plus facile de monter la hauteur des notes, car le twang rend le soutien de la respiration plus actif. Si vous utilisez le twang pour chanter sans que cela soit forcément fort et aigu, faites-le de manière dosée et à bon escient. Si vous êtes constamment en train de twanger, l’auditeur pourra trouver cela désagréable. Vous pouvez passer très rapidement d’une partie avec et sans twang, par exemple pour chanter une note particulière avec du twang. De cette manière, vous pouvez utiliser le twang pour créer des accents rythmiques. Le belting et le twang ne sont pas adaptés à tous les styles de musique. Ils s’intègrent parfaitement dans la pop, le gospel et la soul par exemple. Dans le blues, on l’entend un peu moins et dans la country, on ne l’entend pas du tout. Mais dans certaines musiques folkloriques, on peut l’entendre à nouveau. Un bel exemple est le célèbre chœur de femmes bulgares « Le Mystère Des Voix Bulgares ». C’est incroyable ce que font ces femmes et cela vaut la peine de regarder leurs vidéos sur YouTube. De plus, ce chœur de femmes illustre une chose que nous avons déjà décrite : notre audition complète elle-même les sons graves. Les femmes chantent dans les aigus et pourtant cela sonne bien. Vous pouvez également twanger sans utiliser le belting (mais sans compression). Vous ne chantez alors pas sur toute la largeur de vos cordes vocales, mais seulement avec les bords de vos cordes vocales. Cela donne un son vocal typique, avec lequel les Bee Gees, entre autres, sont devenus célèbres. Les chansons Stayin’ Alive et Night Fever en sont des exemples parlants. C’est ce qu’on appelle aussi le pseudo-belting.
Formant du chanteur
En réalité, le twang est également utilisé dans le belcanto. Dans le belcanto, on appelle cela la résonance. C’est la récupération de certaines fréquences dans la voix, parce que le chanteur laisse résonner son canal vocal et la tête. Ces vibrations se ressentent sur le front du chanteur. Ce que vous faites en réalité avec la résonance et le twang, c’est amplifier les harmoniques dans votre voix. Elles sont ainsi davantage mises en avant. Si vous chantez une certaine tonalité, votre voix a une tonalité de base avec au-dessus un certain nombre d’harmoniques. Dans le belcanto, les harmoniques du twang sont appelées le formant du chanteur. Il est toujours à peu près de la même hauteur, quelle que soit la hauteur des notes de votre chant. Si vous chantez plus haut, vous changez de formant. Supposons que vous ne le fassiez pas, vous obtiendriez un effet étrange. De nos jours, vous disposez de lecteurs et de logiciels qui vous permettent de modifier facilement la hauteur d’un enregistrement. Si vous montez le chant d’un homme de quelques notes, vous obtiendrez rapidement une voix qui ressemble à celle de Tic & Tic dans les rangers du risque, car toutes les gammes de fréquences de la voix augmentent dans la même mesure. Vous aurez alors un effet qui ne sera pas naturel. Chaque voyelle a un formant légèrement différent : à l’intérieur du formant, les fréquences sont disposées différemment pour chaque voyelle. La voyelle « a » possède un formant dans lequel les basses fréquences sont fortes. Avec la voyelle « e », les fréquences les plus hautes du formant sont les plus fortes. Il est donc difficile de chanter le « a » aigu, car la tonalité de base passe alors le formant. Un « a » aigu chanté va automatiquement vers un « e », ce qui nous amène au prochain épisode de cette série sur la technique du chant. Il s’agit d’un sujet essentiel qui traite de l’influence des voyelles sur votre chant. Si vous rencontrez toujours les mêmes problèmes en chantant, il se peut qu’ils soient liés aux voyelles. Et c’est là que se trouve la solution à vos problèmes.
Bon à savoir
Plus de 100 dB
Avec le belting, vous pouvez atteindre un volume de plus de 100 dB. Normalement, si ce son venait de l’extérieur, il serait dommageable pour votre audition. Mais avec le belting, cela ne devrait pas être le cas si vous laissez vos trompes d’Eustache ouvertes (cela se produit automatiquement lorsque vous déglutissez et baillez). Ces trompes (une dans chaque oreille) relient votre gorge à votre tympan. Lorsque ces trompes sont ouvertes, la pression à l’extérieur de votre tympan est la même qu’à l’intérieur. Votre tympan n’est alors pas pressé vers l’intérieur.
Les voyelles sonnent différemment
Il est bon de savoir qu’avec le belting, toutes les voyelles deviennent i-, è, é- ou eu. On ne peut pas vraiment chanter de « a » ou de « ou » avec le belting. Ne vous forcez pas à essayer, car votre voix va grésiller. Acceptez donc que lorsque vous utilisez la technique du belting vos voyelles sonneront différemment. Mais, ne vous inquiétez pas, le belting donne lieu à un chant qui sera bien compris. En effet, notre audition compense ce phénomène pour que nous puissions encore tout bien comprendre, et ce malgré la modification des voyelles.
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